« Hey Drizzle ! Je te cherchais. » La blonde se retourne pour faire face à Calista, une de ses meilleures amies qui s’est arrêtée à quelques mètres d’elle, perchée sur des talons aiguilles qui donnent le vertige à la Gryffondor. Comment fait-elle pour marcher sur ses trucs ? Si la blonde aime se faire désirer, elle sait qu’elle ne le fera jamais grâce au bruit des talons contre le sol. De toute façon, la moquette tue tout l’effet. « C’est important ? Car j’ai un truc plutôt urgent à faire. » « Non, j’allais juste me reposer dans le parc avec Alicia pour profiter du soleil. Il y a plus de vingt-cinq dehors. Mais c’est pas grave. Elle te racontera plus tard la défaite écrasante que je lui aurais mis niveau mec. » Calista fait demi-tour alors que Drizzle lève les yeux au ciel. La rivalité entre ses deux amies sur tout et n’importe quoi est amusante mais parfois fatigante et la Gryffondor est plus que ravie d’avoir une excuse valable plutôt que de devoir les regarder lancer des œillades langoureuses aux garçons. C’est dans ces moments là que Rocksane sait qu’elle a bien sa place chez les rouges : elle ne passerait pas par la subtilité et irait directement proposé un cinq à sept derrière un buisson. Elle laisse la finesse aux Serdaigles et aux Serpentards sans aucun regret. Drizzle va aussi pour faire demi-tour quand la voix de Calista la retient à nouveau. « Drizz’ ? Ne fais rien d’insensé s’il te plait. » Drizzle se retourne vers elle et lui lance un sourire arrogant tout en faisant un geste de la main pour dire « t’en fais pas » et c’est au tour de Calista de lever les yeux au ciel. C’est sur ces derniers mots que les deux filles se séparent.

Tout en reprenant son chemin, Drizzle pense que si Calista savait la vérité, elle serait fière de ce qu’elle s’apprête à faire… ou pas. Ses motivations ne sont pas poussées par une morale à toute épreuve mais un intérêt qui lui permettra d’alléger sa conscience. Non pas la sienne, elle n’en a rien à faire. Celle de son amant. Son amant prof. Parce que oui, Drizzle couche avec son prof de défense contre les forces du mal, haine qui s’est transformée en attirance malsaine pur finir par cette histoire difforme qui manque de s’écrouler à la moindre azalée. Leur histoire est compliquée, surtout ces derniers temps ou après s’être séparés, ils sont retombés dans les bras de l’autre en même pas quelques jours ce que la blonde jugea particulièrement pathétique mais elle ne s’en tient pas trop rigueur. Bref Rocksane cherche depuis quelques temps déjà à arranger les choses, elle qui a des tendances plutôt malsaines ne tient pas trop à ce que leur histoire fasse le tour de Poudlard et déjà la Gryffondor trouve que le regard d’Alicia est parfois un peu interrogateur comme si elle savait qu’elle lui cachait quelque chose. La solution lui est apparue au tournant du troisième étage où elle est tombée nez à nez avec un cours de défense contre les forces du mal avec le prof du présent. Et elle a su exactement ce qu’il lui restait à faire : changer de classe. Maintenant qu’il y a plusieurs profs, Drizzle ne voit pas en quoi cela poserait un problème de choisir l’enseignant qu’elle veut. Si Ez’ n’est plus son prof, peut-être que cela apaisera ses inquiétudes. Et puis pour ne pas noircir le tableau, l’autre prof est loin d’être moche et elle pourra peut-être même réussir à rendre son amant jaloux. C’est donc avec ce plan digne d’un Serpentard que la blonde frappe à la porte du professeur, décolleté avantageux présent pour être sûre qu’elle obtiendra bien ce qu’elle veut. Elle rentre avant même d’avoir l’autorisation. « Bonjour, vous êtes bien le professeur Blackwell ? Je suis désolée de vous déranger mais j’aurais aimé vous entretenir de quelque chose, est-ce que vous pouvez m’accorder un peu de temps s’il vous plait ? » La blonde lui offre un sourire charmeur et ferme la porte pour bien faire comprendre qu’elle n’accepterait pas de non en réponse.

Drizzle détaille l’endroit, le cœur presque au bord des lèvres mais elle n’en montre rien. Venant du futur, on a relégué Ezechiel dans un autre endroit et la salle de cours et le bureau que lui connaît Drizzle est désormais celle du professeur Blackwell. C’est troublant car la disposition de l’endroit n’est pas la même qu’en 2023 où son amant occupe les lieux mais ça n’empêche pas d’envahir les souvenirs son esprit. C’est dans la salle de classe qu’il l’a embrassée pour la première fois. Ou plutôt qu’ils se sont jetés dessus parce que Drizzle est encore aujourd’hui incapable de dire qui a initié le baiser, penchés l’un vers l’autre avec pour seul obstacle le bureau qui les séparait pendant qu’ils se crachaient des insultes au visage pour finir par se dévorer la bouche. C’est dans ce bureau qu’ils se sont unis pour la première fois. Pour recommencer des dizaines de fois et Rocksane est presque sûre qu’ils ont étrenné cet endroit centimètre par centimètre. Elle est aussi convaincue que si elle ne rougit pas, c’est seulement parce qu’elle déteste le rouge et que son organisme entier se révolte contre cette couleur. Elle est certaine qu’en étant ici elle prend la bonne décision parce que c’est aussi ici qu’ils se sont séparés, qu’elle l’aime et que ça n’avancera jamais s’il reste son élève parce que son égo se sentira toujours offensé qu’il la traite comme une gamine. Alors elle reprend contenance et s’oblige à respecter pièce par pièce le maigre plan qu’elle a établi pour être sûre de se faire transférer dans cette classe. Le début a l’air de bien marcher d’ailleurs. « Eh bien, eh bien, on attend même plus l'autorisation d'entrer mademoiselle... ? » « Grant. » répond-elle d’une voix charmeuse. Le professeur accepte de lui accorder un peu de temps et la blonde en est entièrement satisfaite. « En quoi puis-je t'aider ? » Rocksane lui sourit et tire une chaise, s’asseyant de manière à ce que son regard tombe pile dans son décolleté. Il faut savoir y mettre le prix pour obtenir ce que l’on désire.

« J’aimerais que vous soyez mon professeur. » C’est clair, net et précis mais en bonne Gryffondor qu’elle est, Drizzle se sent presque dans l’obligation de déveopper. « En réalité je suis de 2023 et je ne suis pas satisfaite de mon professeur de défense contre les forces du mal qui ne comprend pas que… » Que quoi Drizz’ ? Que tu l’aimes à en crever ? Que si tu avais bien été enceinte, tu l’aurais gardé ce bébé et que tu aurais qu’il l’élève avec toi-même si c’est ton prof et que ça aurait pu cacher sa carrière. Oui c’est un peu près ça qu’il ne comprend pas mais Drizzle ne se voit pas trop balancer cela au professeur en face d’elle qui la scrute de ses yeux bleus à se pâmer, elle se dit que si elle n’avait pas rencontré Ezechiel, il aurait été le prof idéal et qu’elle aurait aimé faire plus ample connaissance avec lui malheureusement ça n’arrivera pas. « Que depuis que ma mère s’est littéralement faite exploser, j’ai un peu mal avec les baguettes et je me disais que je pourrais obtenir un comportement plus compréhensif avec vous professeur. On dit que vous êtes un très un bon enseignant et je suis presque certaine que vous pourriez m’aider à résoudre ce problème de… baguette. » Le sous-entendu est à peine dissimulé mais Rocksane s’en fiche un peu tant que cela marche et qu’elle obtient ce qu’elle veut.

Drizzle n’est pas une pro du mensonge mais quand la réponse de son professeur tombe, elle tente de ne rien laisser paraître même si son sang s’est glacé une seconde dans ses veines. Il ne peut pas dire non. Il n’a pas le droit de dire non. Il faut qu’il dise oui parce que sans vouloir se la jouer mélodramatique, c’est son avenir qui est en jeu et bien qu’elle ait essayé de négocier ses sentiments, cela a fini par s’avérer impossible. Elle ne peut pas désaimer Ezechiel mais elle peut changer de classe. « Ecoute jeune fille, si tu tiens à entrer dans ma classe il faudra être plus convaincante. La raison n'est pas celle que tu prétends me donner, je suis sûre qu'elle est bien plus ... intéressante que ce que tu dis. Non pas que tes parents sont inintéressants mais je veux plus que cela, une véritable raison, ou un mensonge plus crédible. » Drizzle panique un instant mais tente de ne rien montrer. Elle passe sa langue sur ses lèvres un peu trop sèche et s’efforce de rester calme. Ce n’est pas un non. C’est juste un « convaincs-moi » et honnêtement, elle est plutôt douée pour cela, spécialement avec les profs de défense contre les forces du mal, son amant à l’appui qui cède très souvent à ses œillades chargées de sous-entendu. Et elle n’est pas aveugle au point de ne pas remarquer quand on la reluque et puis les gens parlent et ce n’est pas une surprise de la part du brun. Le professeur est décrit pour avoir des aventures avec ses élèves. Elle n’ira pas jusqu’à là mais elle est sûre qu’ils pourront trouver un arrangement. « Qu’est-ce qui vous fait penser que je mens professeur ? L’instinct ou l’arrogance ou l’envie de me voir me plier en deux pour satisfaire votre orgueil ? »

Ok. Avec Ezechiel ce genre de comportement, ça se finit avec lui la possédant violemment sur son bureau parce qu’elle sait le faire sortir de ses gonds. Avec Blackwell, ça se finit avec elle à la porte d’une salle de classe qui claque. Peut-être qu’elle doit se la jouer un peu plus finement. Sûrement même. C’est presque une obligation. Elle croise ses jambes et se laisse aller dans le fauteuil pour montrer qu’elle ne s’en ira pas et que cette conversation n’a aucune raison de tourner en drame, qu’elle peut très bien rester légère mais qu’elle ne partira pas avant d’avoir obtenu ce qu’elle désire. « Je ne mens pas. Je ne suis tout simplement pas satisfaite et je demande mieux. Mais si vous pensez ne pas être à la hauteur ou plutôt si je pense que vous ne ferez pas l’affaire, je resterais avec mon prof. Pas vraiment envie de tomber sur pire. » C’est de la provocation et Drizzle sait qu’au final, ce sera une colle et ça lui rappelle toute l’histoire avec Ez’ parce que tout est parti lors d’une colle. Mais d’un autre côté, elle se dit que le professeur Blackwell n’est certainement pas aussi monté sur ressort que son amant. « Je suis prête à beaucoup pour montrer que je dis la vérité et vous ? A quel point êtes-vous prêt pour montrer que vous êtes mieux ? »

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