Narcissa se trouvait dans l’une des nombreuses salles désaffectées du cinquième étage de vieux château. Elle ne saurait vous dire combien de temps elle venait d’y passer enfermer sans un mot. Elle n’avait même pas entendu une seule mouche voler. Sa tête était penché en arrière, la jeune fille était silencieuse depuis une dizaine de minutes. Elle était assez déçue, elle n’avait pas trouvé ce qu’elle cherchait alors qu’elle avait des renseignements sur pleins de choses tout aussi intéressantes, mais elle n’en avait que faire. Elle ne voulait que ce qu’elle avait besoin.

- Faut pas désespérer, je finirais bien par le trouver ce fichu trucs. Sérieux, il doit bien se trouver dans un de ses livres. Je trouverais même si pour cela je dois sortir de la réserve tous les livres sur la magie noire les uns après les autres. Dit-elle d’une voix extrêmement basse.

La Serpentarde jeta un dernier regard au livre qu’elle avait sur ses genoux avant de le fermer brusquement et de le mettre dans son sac. Elle ne voulait qu’une chose retrouver l’odeur des cachots, mais aussi informer la chef de leur clan qu’elle n’avait pas trouver d’information sur le sujet donné. Mettant négligemment son sac sur son dos qui ne tenait que par magie maintenant, elle sortit de la salle en claquant la porte énergiquement. Elle n’avait que faire des cours qui se déroulaient au même étage.

La quatrième année se dirigeait vers les escaliers mouvants d’un pas vraiment lent, ce qu’elle faisait continuellement. Après tout elle n’était pas une personne qui faisait tous rapidement. Ses yeux fixaient le sol juste devant ses pieds puisque le reste était assez caché par sa chevelure blonde qui tombait devant son visage. Perdu dans ses pensées, elle n’eut pas le temps de voir la personne qui s’approchait et ce qui devait arriver arriva. Elle se prit la personne de plein fouet. En un rien de temps, elle se retrouva le postérieur sur le sol. Plus qu’énervée, elle se releva rapidement en jetant des jurons tout bas. Elle prit le temps de secouer un peu sa robe de sorcier avant de se concentrer sur la personne qui avait osé la bousculer. Oui, il est vrai qu’elle était en partie responsable, mais jamais elle ne l’avouera et elle rejettera la faute sur l’autre personne. Son regard se posa d’abord sur l’uniforme de la personne, à en voir les couleurs c’était un gryffondor. Remontant encore son regard, elle vit son visage. Ce n’était pas n’importe quel gryffondor, c’était Peter Pettigrow, elle avait marqué son image dans un coin de son cerveau la première qu’elle l’avait vu pour s’en souvenir. Ses yeux lançaient des avada kedavra au jeune homme.

- Non mais ce n’est pas vrai, tu n’es pas foutu de mettre un pied en face de l’autre ou quoi ? Où tu as besoins des lunettes de mon père pour y voir mieux ? Fit-elle d’une voix froide.

Ses yeux lançaient toujours des éclaires assassinant le pauvre garçonnet. Elle se disait qu’il ne devait pas trop comprendre ce qu’il se passait.

Peter n’était pas vraiment dans son assiette, non pas parce que quoi que ce soit de grave lui était arrivé, mais parce qu’il avait un peu le sentiment que sa vie périclitait, dernièrement. C’était juste une impression générale, une sensation de malaise qu’il ne parvenait pas totalement à interpréter. Il n’allait juste pas bien, et comme il n’était pas du genre à se confier à qui que ce soit, il gardait cette impression pour lui, ce qui, d’ailleurs, ne faisait au final qu’amplifier le malaise. Il ne savait pas trop s’il souffrait simplement de paranoïa ou s’il n’avait pas encore dépassé le stade du temps d’adaptation nécessaire pour réussir à s’intégrer dans ce temps qui n’était pas le sien, mais en tous cas, la situation ne lui convenait pas du tout. Il se sentait miné, perdu, il avait l’impression d’être détesté de partout (sensation bien plus désagréable que celle d’être moqué), sans en savoir les raisons, ni si c’était une impression fausse… Si ça se trouve, il devenait tout simplement fou.

Enfin… L’un dans l’autre, Peter n’était pas très bien, et de ce fait, il fit ce qu’il faisait toujours lorsqu’il n’avait pas le moral : il mangea. Eh oui, Peter était un mangeur invétéré, ça avait toujours été le cas, et il y avait peu de chances pour que cela ne change jamais. S’il avait pu avoir la possibilité de voir son lui futur, il en aurait eu la confirmation claire et nette. Réussir à rester aussi gros en vivant plus d’une dizaine d’année sous la forme d’un rat, c’était un exploit. Pour le moment, le rouge et or souffrait à peine de surpoids, mais il était bien conscient que cela pourrait très vite changer… Ce qui ne l’empêchait pas de se goinfrer sous le moindre prétexte. Et là, le prétexte lui semblait vraiment bon : il avait besoin de soigner ce vide étrange qu’il ressentait. Peter s’était donc rendu aux cuisines, l’un des lieux qu’il préférait dans tout Poudlard. D’une part parce que les elfes de maisons ne lui refusaient jamais rien, d’autre part parce que cet endroit n’était pas connu de beaucoup de monde, et qu’il pouvait donc y être seul. Il passa plusieurs longues minutes à s’empiffrer sans le moindre état d’âme, jusqu’à ce qu’il lui semble ne plus avoir faim (comme s’il avait vraiment eu faim en commençant de manger), il prit malgré tout le soin d’emporter avec lui quelques plaquettes de chocolat. Juste au cas où.

Il était désormais en chemin pour la salle commune des rouge et or quand, perdu dans ses pensées, et comme d’habitude étourdi et peu attentif à ce qui se passait autour de lui, il percuta quelqu’un de plein de fouet. Il n’eut pas même le temps de réaliser ce qui s’était passé, et de rassembler ses esprits et qui il venait de bousculer, qu’il entendit la voix de la jeune fille qu’il avait percuté pester, avant de l’engueuler. Peter osa à peine lever les yeux vers elle, mais il le fit assez longtemps pour pouvoir reconnaître la personne qu’il avait en face de lui. Enfin… « reconnaître » était un bien grand mot, en vérité. Il savait juste qu’elle faisait partie des verts et argent, et qu’elle était l’une des petites-filles de James. Oh, et il avait remarqué, pour une raison qui lui échappait complètement, qu’elle le détestait, comme tous ses frères et sœurs… et leur père, aussi, apparemment. Comment ne pas devenir paranoïaque, après ça?
Il eut la confirmation de cette haine qu’elle semblait ressentir à son égard quand elle s’adressa à lui d’une façon qui laissait à penser qu’elle ne l’engueulait pas seulement parce qu’il l’avait bousculé sans le faire exprès. Elle sembler le détester, vraiment, et cet excès de haine qu’il ne pouvait pas comprendre lui faisait froid dans le dos. Si bien que, impuissant, incapable de répliquer de quelque manière que ce soit, il ne sut quoi dire sinon un faible :

« Désolé… »

Désolé c’est tout ce qu’il trouvait à dire ce rouge et or ? Il ne pouvait pas dire, la prochaine fois je ferais attention où autre ? Puis cette voix faible m'énerve, on se demande vraiment ce qu'il fou à Gryffondor, il n'a pas une once de leur qualité, non pas que je les défende. Enfin bon je préfère qu'il soit chez les bouffons que chez nous. Se demandait la petite voix interne de la jeune fille blonde.

Soufflant d’agacement discrètement, elle regarda autour d’elle et du jeune homme, elle constata qu’il était seul, non qu’ils étaient seuls dans le couloir. L’envie était très tentante, mais il n’était pas question pour elle de se retrouver en heure de colle où pire parce qu’elle n’avait pas pu se contrôler face à se traite. Cependant sa curiosité prenait le dessus, elle tenait à savoir ce qu'il faisait aux cinquièmes étages et sans ses amis dont faisait partie son grand-père James Potter. Narcissa regardait toujours le jeune homme hargneusement, elle se disait qu'elle n'allait pas rester indéfiniment immobile en attendant qu'il meure sur place. Elle entreprit donc de lui adresser la parole tout aussi froidement que la fois précédente.

- Alors, Pettigrow... C'est bien ton nom, non ? Je ne me trompe pas ? Très bien. Tu peux me dire ce que tu fais au cinquième étage seul alors que tu es toujours collé aux pieds de mon grand-père ? Et tu peux me dire aussi comment un peureux de ton espèce a pu atterrir dans la maison des Gryffondor ? Quoi que je préfère que tu salisses leur maison plutôt que la mienne. La noble maison de Salazar Serpentard n'a pas besoin de petit rat de ton genre. Puis tu n'y aurais pas eu ta place.

Elle s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle, mais aussi pour examiner les réactions du rouge et or. Pour voir s'il avait peur, s'il était sur le point de craquer, de fondre en l'arme, sur le point de partir en courant pour aller se plaindre auprès de n'importe qui. Finalement elle reprit la parole puisque la personne en face d'elle n'avait pas l'intention de l'ouvrir pour le moment.

- Bon tu vas me répondre, fit-elle rageusement avant de reprendre. Tu m'excuseras de ma curiosité, ajouta-t-elle ironiquement, mais dis-moi aussi. Pourquoi es-tu ami avec James Potter, Sirius Black et Remus Lupin. C'est vrai quand on les regarde et qu'on te regarde, on ne voit pas de point commun.

Certes, la fille de Drago et Harry ne cherchait pas vraiment à comprendre et savoir pourquoi il était ami avec eux, elle était juste curieuse de le savoir. Non ce qu'elle aimerait savoir et comprendre c'est pourquoi il a trahi ceux qu'il considère comme ami, pourquoi il avait fait du mal à Lily Evans et James Potter qui font comme même partie de sa famille. Mais pour avoir ses réponses, il faudrait s'adresser directement au Pettigrow de cette époque et pas le jeune.

Toute cette haine, dans son regard… Ce n’était pas la première fois qu’on le houspillait, qu’on l’insultait, qu’on le malmenait, mais jamais avec autant de hargne. Il y avait maintes raisons qui le rendaient sujet aux quolibets, quand on voulait trouver prétexte à l’insulter, il y avait l’embarras du choix : son apparence physique, sa timidité maladive, sa maladresse, sa lâcheté… Être insulté pour ces raisons qu’il comprenait n’était déjà pas agréable, mais cent fois plus que d’être ainsi houspillé sans en deviner les raisons une seule seconde. Narcissa affichait un tel mépris à son égard qu’il glaçait le sang du rouge et or. Il n’en pouvait plus, de toute cette haine qu’il n’était pas capable de comprendre, et qu’on lui envoyait à la figure comme s’il était supposé savoir pourquoi.

La jeune Potter-Malfoy l’attaqua tout de même sur un sujet qui était un objet de brimades récurrent : pourquoi était-il à Gryffondor? Franchement, Peter ne le savait pas lui-même, en y repensant, il se serait davantage vu à Poufsouffle. Oh, il avait des caractéristiques gryffondoriennes, mais il manquait de la plus importante caractéristique des rouge et or : le courage. Car oui, il était d’une lâcheté sans nom. Elle l’attaqua aussi sur le fait qu’il n’avait rien à faire avec le reste des maraudeurs. Ça, c’était plutôt routinier, c’était les façons les plus faciles de s’en prendre à lui en étant sûr de le blesser… parce qu’il n’avait besoin de personne pour se poser des questions de ce genre et se sentir mal au possible. Pourtant, au final, ce n’était pas ce qui le dérangeait le plus dans les propos que prononçait Narcissa.

Ce qui le dérangeait le plus, c’est qu’il voyait bien qu’il y avait autre chose, elle le connaissait.. Depuis qu’il était ici, il voulait savoir ce qu’il adviendrait de lui dans le futur, lui qui avait pour seuls indices ces accusations et ces regards noirs lancés dans sa direction. Narcissa savait qui il était, elle le lui avait clairement fait comprendre, on ne le traitait pas de rat comme ça, sans savoir (même si la comparaison pouvait être appropriée). Elle savait ce qu’il allait devenir, elle détenait la clé…
Et Peter, hésitant, arrivait à passer outre toute cette haine déversée à son encontre, se demandant si oui ou non, il devait poser cette question qui le déprimait au possible : qu’est-ce qu’il allait devenir? Il voyait bien que la réponse n’allait pas lui plaire, mais ne valait-il pas mieux être fixé?
Ignorant la question que la petite-fille de James lui avait posé (à quoi bon lui répondre? Quoi qu’il dise, et quand bien même il parlerait le plus sincèrement possible de l’affection qu’il avait pour James, Sirius et Remus, elle trouverait toujours le moyen de lui dire qu’il mentait ou qu’il leur servait juste de larbin). Prenant le peu qu’il avait de courage à deux mains, il osa articuler cette question qui le hantait, et dont il craignait terriblement d’entendre la réponse.

« Qu’est-ce que tu me reproches exactement? On ne s’est même jamais parlé.. »

Serrant les dents, envahi par l’appréhension, il avait l’impression d’être un condamné à la peine capitale attendant sa mise à mort.