« Petites angoisses nocturnes »

Il était une heure du matin et Pandora ne dormait toujours pas. Elle ne trouvait pas le sommeil alors que sa sœur reposait paisiblement dans son lit, elle pourrait presque l’entendre ronfler. Sauf qu’elle ne ronflait pas, parfaite jusque sous ses draps.
Elle attrapa une robe de chambre et descendit dans la cuisine familiale boire un verre d’eau et se dégourdir un peu les jambes. Il faisait frais pour une nuit d’été mais l’air était bon. Elle sortit sur la terrasse et s’assit par terre, pensive. Elle commençait même à s’assoupir lorsqu’elle entendit le parquet grincer derrière elle alors qu’un coup de vent rapide fit voler ses cheveux.

Elle se retourna vivement, la baguette à la main. C’était son père qui rentrait à la maison. Le parquet avait grincé alors qu’il avait transplané et atterri sur une latte abîmée. Il travaillait de plus en plus tard ces derniers temps et les filles ne le voyaient pas beaucoup. D’ailleurs elles ne l’avaient presque pas vu de l’été.

« Et bien tu n’es pas encore couchée Pandora ? C’est ta rentrée à Poudlard qui te tracasse ? » Lui demanda-t-il d’un ton las et fatigué.
« Oh je ne sais pas papa, c’est peut être ça oui. J’ai vraiment peur de la maison dans laquelle nous serons envoyées. Et si le Choixpeau nous met à Serpentard ? »

Dans deux jours, les filles rentreraient à Poudard pour leur première année scolaire en tant que jeunes sorcières. Pandora avait très hâte de commencer ses études de sorcière mais elle appréhendait beaucoup la répartition du Choixpeau Magique. Leurs parents ne semblaient vraiment pas s’en inquiéter, et Elyzabeth non plus d’ailleurs. Pourtant, elle savait que tant de choses horribles étaient arrivées à cause de mages noirs descendant de Serpentard. Que ferait-elle si elle se trouvait y être envoyée ? Elle aurait certainement la honte de sa vie.

« Pandora, ni toi, ni ta sœur ne serez envoyées à Serpentard ! C’est tout simplement impossible » s’exclama-t-il pour essayer de la rassurer. « Ta sœur et toi êtes la gentillesse incarnée. Toutes deux sensibles et courageuses. Tu es loyale Pand’, il suffit de te regarder avec ta sœur et tu es pleine d’amour en toi. Jamais le Choixpeau ne t’enverrai à Serpentard, ou alors il serait juste bon à être remplacer. Il se fait vieux tu sais… »

Pandora sourit à cette dernière phrase. Le Choixpeau se faisait vieux, c’était évident. Quel âge avait-il ? Plusieurs siècles sans aucun doute. Personne ne saurait vraiment dire son âge d’ailleurs. Le choixpeau lui-même ne devait même pas s’en souvenir. Combien de têtes avait-il vu ?
Beaucoup sans aucun doute, il saurait en un clin d’œil où l’envoyer sans se tromper.

Pandora n’était qu’à moitié rassurée. Son père avait trouvé les mots justes pour la rassurer mais qu’en était-il de ses pensées profondes. Celles que même elle ne se connaissait sans doute pas ? Ou pas encore.

Elle suivit son père à l’intérieur de la maison. Ils s’assirent à la table de la cuisine et se partagèrent la dernière part de gâteau au chocolat que madame Campbell avait fait plus tôt dans l’après-midi. Pandora savait que sa mère n’allait pas tarder à descendre pour retrouver son mari et parler de sa journée avec lui. C’était une sorte de rituel pour eux, histoire de ne pas casser la communication, surtout ces temps-ci avec tout ce travail au ministère qui retenait papa.
C’est pourquoi Pandora retourna se coucher afin de laisser ses parents seuls. Là encore, le plancher de la vieille maison grinça alors qu’elle se glissait dans son lit, réveillant Elyzabeth.

« Dors, pardon, j’ai fait du bruit, c’est que moi. » chuchota-t-elle à sa sœur encore à moitié endormie.
« Hein ? Tu ne dors pas ? »
« Non, j’étais préoccupée, et j’ai un peu discuté avec papa, il vient de rentrer. »
« Ah, d’accord. Bonne nuit. » Elyzabeth bailla en prononçant ces mots avant de fermer à nouveau les yeux, puis repris quelques secondes plus tard. « Préoccupée par quoi Pand’ ? »
« Oh rien de grave, c’est la répartition du Choixpeau qui me stresse un peu. Je ne voudrais pas être envoyée à Serpentard. »
« T’iras pas à Serpentard, ce n’est pas possible. Toi t’iras à Gryffondor y’a pas de doute. Dors bien, je t’aime. »

Si Elyzabeth pensait qu’elle n’irait pas à Gryffondor alors il n’y avait plus de doutes à avoir, et Pandora se sentait beaucoup mieux et plus rassurée qu’elle ne l’avait été avec son père. Sa sœur se trompait rarement.
« Moi aussi je t’aime Ely’, bonne nuit ! »