Je tournais devant le miroir pour pouvoir me détailler entièrement. Ce soir, je devais rejoindre un garçon, je l’aimais bien, il était gentil, mais je n’étais pas aveugle, il n’avait rien à voir avec Peter. Ce serait juste une passade et ensuite je passerais à un autre comme d’habitude. C’était le quotidien, le fait que deux époques étaient venues de je ne savais où ? Franchement à part me donner plus de choix qu’est-ce que ça pouvait bien m’apporter ? J’avais bien sûr remarqué mes parents main dans la main ce qui était légèrement déroutant… c’est vrai quoi, ils sont divorcés depuis onze ans ! Et je suis certaine que je n’ai aucune descendance du futur. Je me passais un coup de brosse en vitesse. Je ne voulais pas être en retard à mon rendez-vous, mais je devais être parfaite. Je mettais toujours un point d’honneur à n’avoir aucun défaut lorsque je rejoignais mes amants. Je voulais être la fille de leur rêve. Une touche de gloss, un peu de crayon, du far à joue et le tour était joué. C’était naturel comme maquillage et mes yeux pétillaient. Je passais ma main dans mes cheveux, il n’y avait plus aucun nœud. J’étais parfaite. Un sourire triomphant s’afficha sur mes lèvres pulpeuses et je sortis de la chambre, mais pas avant que Lola ne me parle comme elle le faisait chaque soir. J’avais toujours le droit à une morale, ce qui m’exaspérait au plus haut point. Elle était là, bras croisée devant la porte, son regard débordant de pitié. Je soupirais. « Qu’est-ce qu’il y a Lola ? » La brune haussa un sourcil inquisiteur. Je n’étais pas idiote, je savais très bien ce qu’elle pensait : « Tu sais très bien ce qu’il y a Elena ». Je levais les yeux au ciel. « Elena, tu comptes continuer ce petit manège encore combien de temps ? » Je secouais la tête, faisant ainsi voleter ma chevelure blonde autour de mon visage. « Le temps qu’il faudra, maintenant Lola, laisse-moi passer s’il te plait. » Visiblement ce soir, ma meilleure amie n’était pas d’humeur à aller contre moi, elle fit un pas sur le côté pour se pousser de devant la porte en soupirant. Je l’exaspérais, j’en étais consciente. J’avais cette manie d’exaspérer tout le monde autour de moi. Je me jetais aussitôt sur la porte et longeais le couloir à grande enjambée. Il était vingt et une heure. Je m’arrêtais à la salle commune, une fille était assise à une table en train d’écrire. Elle était belle avec ses cheveux blonds. On aurait dit un ange, je ne me souvenais pas de l’avoir croisé où que ce soit. Elle était certainement une des victimes du voyage temporelle. J’allais continuer mon chemin, mais quelque chose chez cette fille m’attira et je la rejoins, je serais en retard à mon rendez-vous, tant pis, je me ferais désirer. « Salut ! Tu viens du passé ou du futur ? » C’était tout moi ça, j’entrais direct dans le vif du sujet.