En cette belle journée de septembre, Elijah se trouvait dans la salle de classe de Métamorphose. Il était assis au deuxième rang, contre le mur sans fenêtre, dans un coin sombre. Si habituellement les cours ne l’enchantaient par leur côté profondément ennuyeux, celui d’aujourd’hui, enfin ceux d’aujourd’hui plutôt, avaient été un calvaire. Et les dernières heures étaient de loin les pires. Le Serdaigle n’avait rien pu prendre depuis la veille parce qu’aucun de ses putains de vendeurs n’avaient quelque chose à lui vendre ! Rien, pas le moindre produit !
Cela faisait longtemps qu’il n’avait vraiment rien eu à prendre et s’il s’était dit au départ qu’il pourrait toujours se plonger dans les cours pour ne pas y penser pendant une partie de la journée, il avait dû se rendre à l’évidence qu’il était absolument incapable de se concentrer. Pas même l’espace de deux minutes. Le sentiment de manque, même s’il n’était que léger au début, s’insinuait doucereusement dans son être jusqu’à devenir très fort en cette fin d’après-midi. Pour la énième fois de la journée, il passa une main dans ses cheveux en soupirant et recommença à se ronger les ongles. Saleté d’habitude qu’il avait depuis qu’il était enfant et qui provoquait parfois même des saignements. Et lorsqu’il n’avait vraiment plus d’ongles, alors il s’attaquait à la peau de ses doigts. Ceux-ci étaient dans un état pitoyable mais l’apparence était bien la dernière chose dont se souciait Elijah.
Le jeune homme jura silencieusement lorsqu’il se rendit compte que ses mains commençaient légèrement à trembler. Il se sentait faible physiquement et déteste ce sentiment. Il n’était qu’une misérable loque, incapable de vivre sans l’un de ses paradis artificiels.
Avec un soulagement intense, il vit arriver la fin de l’heure et se dépêcha de ranger ses affaires pour se réfugier dans son havre de paix : la bibliothèque. Pour Elijah, les livres n’étaient pas seulement une source de savoirs, ils étaient surtout un moyen de s’évader du quotidien. Il savait, et espérait surtout, qu’un livre traitant d’un sujet l’intéressant vraiment et nouveau, contrairement aux cours qui leur étaient dispensés, pourrait le happer et lui faire oublier le sentiment de manque lancinant.
Alors qu’il entrait dans la bibliothèque, il repéra tout de suite le fauteuil le plus éloigné de la porte, dans un coin où les seuls livres présents n’intéressaient personne. Le brun y posa son sac et partit dans à la recherche du livre qui ferait son bonheur. Après avoir cherché pendant cinq minutes, les mains toujours légèrement tremblantes et l’une d’elles en train de se faire maltraiter par ses dents, il ressortit d’une rangée, un gros livre à la couverture marron dans les mains. On pouvait y lire « Les découvertes Arithmantiques du vingtième siècle ». Elijah se redirigea vers son fauteuil et s’y installa. Il se plongea immédiatement dans son livre mais se rendit compte au bout d’une dizaine de minutes qu’il avait tout de même beaucoup de mal. Cependant, ça lui permettait tout de même de ne plus y penser à chaque seconde. Un maigre sourire se dessina sur son visage et il se remit à sa lecture.
Un quart d’heure passa quand il remarqua que quelqu’un faisait trop de bruit, beaucoup trop de bruit et l’empêchait de se concentrer. Il avait beau essayer, cela faisait au moins cinq minutes qu’il tentait de lire la même phrase sans en comprendre jamais le sens à cause d’un imbécile qui parlait trop fort. Le serdaigle sentit rapidement l’agressivité monter en lui. Aujourd’hui encore plus que d’habitude était un mauvais jour pour rompre le silence sacré de la bibliothèque. Il finit par se prendre la tête dans les mains en soufflant, comme si ça allait pouvoir arranger quelque chose.
Excédé, Elijah finit par se lever, poser soigneusement son livre sur le fauteuil et se diriger vers la table d’où venait tout ce bruit.

Sirius se sentait triste, en colère et excédé. Triste, car lorsqu'il regardait par la fenêtre il pouvait voir les rayons du magnifique soleil qui reflétaient sur le lac dans le parc de Poudlard. Il pouvait voir le grand chêne sous lequel lui et les Maraudeurs avaient l'habitude de s'assoir pour discuter des sales coups qu'ils prévoyaient de faire pendant des heures. Il adorait rester là-bas seul ou avec eux. Il trouvait cet endroit calme et paisible et ne lassait jamais de poser ses fesses sur l'herbe verte qu'il jugeait parfois magique. En colère, car Sirius se trouvait obligé d'être en cours d'Histoire de la Magie et que la fenêtre à côté de laquelle il était assit semblait le narguer en lui montrant la vue de son chêne favori. Excédé, car après ce cours au lieu d'aller directement se détendre dans le parc, le jeune homme était obligé de se rendre à la bibliothèque pour -comme il adorait définir cet endroit- s'ennuyer. Il avait promis à son meilleur ami James qu'il irait avec lui pour réviser les propriétés de la Mandragore en vue d'un test possible le lendemain de la part du professeur Chorave. Sirius n'avait que faire des plantes et tout ce qu'il demandait c'était de se détendre à ne rien faire ou alors de s'amuser. Lorsque le cours de sortilège toucha à sa fin Sirius, qui se balanceait sur sa chaise de haut en bas, la remit à sa place avant de poser ses mains à plats sur son pupitre, d'aborder une expression pathétique et de s'adresser à son meilleur ami qui lui était déjà en train de ranger ses affaires. « James... Je suis vraiment obligé de venir avec toi à la bibliothèque ? Il fait beau dehors et... » Mais son meilleur ami lui coupa la parole en levant une main en l'air comme ci il en avait suffisamment entendu. Il lui répliqua que oui, il était obligé de venir avec lui. Qu'il voulait entrevoir Lily et que ça ne leur ferait pas vraiment de mal de réviser un peu leur Botanique. Sirius Black était un garçon intelligent tout comme son meilleur ami James Potter et tous deux arrivait à avoir des notes plus que correctes sans jamais ouvrir un seul bouquin. C'est pour cela qu'à la suite des propos de son ami il ouvrit de grand yeux, l'air ébahit. « Remus Lupin sortez du corps de James Potter ! » Ce commentaire arracha quelques éclats de rire de la part de James, qui en mettant son sac sur son dos, fit signe à Sirius qu'ils partaient.

Sirius eu l'air bougon durant tout le trajet vers la bibliothèque qui ne fut pas très long. Lorsqu'ils y entrèrent et que Sirius aperçut Mme Pince, il sut que sa journée était fichue. Il jeta un coup d'oeil vers les dizaines de milliers de livres éparpillés sur différentes étagères. Il sentit que si jamais il se mettait à réviser quoique ce soit maintenant, il serait prit par un inexplicable mal de tête. James choisi un endroit très enfoncé par un rayon de livres, tous dédiés sans exception aux propriétés des dragons. Sirius posa lourdement son sac sur la petite table ronde avant de tirer vers lui une chaise, bruyamment. James lui lança un regard choqué auquel Sirius lui répondit par un sourire moqueur. Faire du bruit dans la bibliothèque était une de ces spécialités. Dix minutes plus tard, à peu près, Sirius avait appuyé son coude gauche sur la table et appuyait nonchalamment sa tête sur sa main pendant qu'il fessait voler un parchemin en tenant dans sa main droite sa baguette magique. Il savait que cela déconcentrait au plus haut point James qui lançait des coups d'oeils agacé vers son meilleur ami. À un moment, il sortit un livre qu'il lança sur Sirius qui l'esquiva rapidement. Celui-ci amusé en prit un autre et lui lança à son tour. Une guerre des livres fut ainsi déclaré dans la bibliothèque créant un vacarme assourdissant mêlé aux cris et rires des deux Gryffondor. Mais Sirius n'avait que faire du bruit, même si la perspective de se retrouver nez à nez avec Mme Pince ne l'enchantait guère.

Le raclement d’une chaise sur le sol, Elijah pouvait le gérer, même si c’était plus ardu dans sa situation actuelle, mais le bruit d’un livre s’écrasant contre une étagère, c’était au-dessus de ses forces. Non seulement à cause du bruit mais aussi à cause du manque de respect pour le livre. S’il y avait bien une chose qu’aimait le serdaigle, c’était les livres et leur contenu, et lancer un livre pour s’amuser, parce que oui Elijah supposait que ce devait être un de ces imbéciles hyper-vitaminés de gryffondors (non pas qu’il ait des préjugés, mais il fallait avouer que les statistiques avaient tendance à lui donner raison), relevait de la pure et simple bêtise. Le livre en lui-même avait dû être le fruit d’un long travail et devait rassembler plus de connaissances que toutes celles contenues dans la tête du lanceur. Mais le pire arriva lorsqu’une bagarre de livre se déclencha entre les protagonistes, au nombre de deux à ce que pouvait en juger Elijah par les rires. N’en pouvant plus, il se dirigea vers la table, prêt à passer un savon à ces imbéciles. En temps normal, il aurait agi posément, en tentant par exemple la diplomatie, faisant comprendre aux deux énergumènes qu’une bataille de livre était une occupation qu’on ne pratiquait pas, et encore moins dans une bibliothèque. Mais ce jour-là, il se contenta de sortir sa baguette, de lancer un sort de lévitation qui arrêta tous les livres en mouvement et de crier :

- PAR MERLIN, C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL ?!

Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait figé les deux gryffondors, parce que oui, il ne s’était pas trompé, mais il ne pensait pas que les profs auraient vraiment apprécié. Et puis se mettre à dos deux imbéciles qui faisaient une bataille de livres dans la bibliothèque ne relevait définitivement pas de la bonne idée. Qui sait quelle idée de vengeance saugrenue pourrait leur venir à l’esprit par la suite. Elijah avisa ensuite les deux gryffondors, ils n’étaient pas plus jeunes que lui et devait donc être en 7ème ou 8ème année, mais ils ne les connaissaient pas, et le brun était très observateur. En toute logique, ils devaient être de ces arrivants du futur ou du passé. Cependant leur tête lui étaient familières. Le garçon à lunettes ressemblaient comme deux gouttes d’eau à Harry Potter, sans les yeux verts et l’autre ressemblait à la photo du criminel supposé qui s’était évadé lorsqu’il était en troisième année, Sirius Black, en plus jeune. Elijah en déduit donc aisément que les deux imbéciles étaient James Potter Senior (parce qu’il y avait un junior en plus) et Sirius Black, deux héros de la guerre contre Voldemort, réputés pour leur bravoure etc. Par contre, on en parlait moins de leur stupidité passée, se dit le serdaigle avec une grimace désabusée. Quoique, il se souvenait avoir lu quelque part qu’avec Remus Lupin, leur professeur de DCFM de troisième année, le seul professeur correct qu’ils avaient eu dans cette matière soit dit en passant, et Peter Pettigrow, le traître, serviteur de Voldemort, ils s’étaient surnommés les « Maraudeurs », à peine mégalo, et ils avaient faits pas mal de « blagues ». Tout s’expliquait. Mais pour le moment, ils n’avaient pas l’air trop perturbés par le futur plus que sombre qui les attendaient.

Sirius n'en pouvait plus. Il riait beaucoup trop. Il s'était déjà prit plus de trois livres en plein sur le nez et deux sur la tête et il n'avait pas réussi à toucher James une seule fois, ce qui augmentait sa frustation et ses éclats de rire. Il surveillait de temps en temps si il n'y avait quelqu'un qui arrivait en courant alerté par le bruit. Quand soudain, sans qu'il n'est rien vu arriver, un jeune homme jeta un sort de lévitation qui arrêta en l'air tous les livres qui étaient en train de voler, même celui que Sirius venait à peine de jeter et qui se trouvait à trois centimètres de ses doigts. « PAR MERLIN, C'EST PAS BIENTÔT FINI CE BORDEL ?! » Siriua leva sa baguette vers l'inconnu qui avait prit la peine de venir les déranger. Quel ignorant, il ne savait absolument pas qui il venait affronter. Le jeune Gryffondor prit son temps pour détailler l'inconnu. Il pensait qu'il était à Serdaigle pour avoir vu sa tête quelque part dans la Grande Salle, assit à la table des bleus. Comment osait-il venir les déranger ainsi ? Sirius lança un regard à James qui comprit tout de suite le problème. Il ne prit même pas la peine de répondre au nouvel arrivant, et regarda longuement James ranger ses affaires assez précipitamment. Lorsque James eu finit, Sirius se retourna vers l'élève qui venait de les déranger. De plus, il avait osé arrêter leur bagarre de bouquins dans les airs et Sirius n'avait pas du tout apprécier son toupet. Il allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose quand ils entendirent des pas très précipités, qu'ils analysèrent comme étant ceux appartenant à Madame Pince. Ne se préoccupant plus du Serdaigle, Sirius jeta un regard paniqué à James qui hocha la tête. Sirius lui fit un signe, en lui demandant de partir. James était préfet il ne devait absolument pas se faire prendre, au contraire de Sirius qui s'en fichait totalement. Il réfléchit à toute vitesse avant de trouver un sort capable de ranger tous les livres à leur place en un rien de temps. Puis, après avoir vérifié que James était bien parti, Sirius se mit à courir à travers les rayons de livres.

C'était sans compter que le nouvel arrivant l'eu suivit avant de l'attraper par le bras pour le retenir. Si son but était de le livrer à Madame Pince, il perdait largement son temps. Ainsi, Sirius se dégagea assez rapidement et lança un regard assez méchant à son poursuiveur. Qui était-il et que voulait-il ? Sirius avait bien envie de connaître son identité, juste pour lui en faire voir de toutes les couleurs ensuite. « Qui es-tu est que tu veux-tu ? » puis toisant encore plus méchamment l'inconnu avec un sourire assez taquin, Sirius lui demanda -non sans lever très doucement sa baguette magique en l'air. Mouvement qui n'échappa sûrement pas aux yeux du Serdaigle, selon Sirius.« On ne ta jamais appris à ne jamais déranger ceux qui s'amuse ? »