« Julius ? » L’homme se stoppa en pleine action et ferma les yeux avant de reposer la poudre dans le pot et de se tourner vers sa femme qui le regardait avec un air accusateur. « Je t’ai réveillée ? Je ne voulais pas. » Il s’approcha de sa chambre et posa ses lèvres sur les siennes une courte seconde mais elle l’empêcha de s’éloigner quand il le voulut. Elle appuya plus fermement sa bouche contre la sienne et il lui rendit son baiser mécaniquement. Une de ses mains serpenta sous son t-shirt et il l’arrêta net d’une poigne de fer s’éloignant d’elle. « Qu’est-ce que tu fais ? » « Tu me manques » soupira-t-elle en commençant à déposer une myriade de baisers sur sa mâchoire. Julius ne dit rien un instant, pensa qu’effectivement en ce moment le lit conjugal avait atteint des températures polaires. Et même s’il était conscient de cela, il écarta sa femme de lui. « Je dois y aller. » « Depuis quand tu vas travailler ci-tôt ? Ce n’est pas comme si tu avais des horaires fixes, tu peux partir un peu plus tard. » « Plus maintenant Laureen. » « Pourquoi ? » Sa femme lui fit les yeux doux, prenant une voix enfantine et cela agaça aussitôt Julius. Il lâcha son poignet droit, attrapa sa main gauche, la tirant vers lui et releva la manche du peignoir de son épouse, dévoilant l’hideuse marque des ténèbres. Il sentit le corps de sa femme se figer dans ses bras et elle s’éloigna sèchement, rabattant sa manche. « Ca répond à ta question ? » demanda-t-il froidement, sachant au fond que cela ne ferait que refermer son épouse un peu plus. « Tu agis comme si nous étions en faute Julius. Comme si on était coupable et c’est comme cela qu’on va nous traiter. » « Parce qu’on l’est Laureen. Ouvre un peu les yeux. Il a perdu, on était dans le mauvais camp et si je ne suis pas à Azkaban c’est parce que je suis bon dans ce que je fais et que j’ai versé quelques pots de vin. S’ils peuvent me remplacer, ils le feront et après ils nous attendront au premier carrefour. Sors un peu de ton monde. » Il sut aussitôt qu’il avait vexé sa femme et elle s’éloigna de lui avant de quitter la pièce. Il poussa un profond soupir et attrapa à nouveau de la poudre de cheminette et la lança avant de prononcer d’une voix claire et distincte : « Ministère de la magie. »

Il atterrit dans l’atrium et se dépêcha de dégager la cheminée sachant que quelqu’un d’autre allait très rapidement arriver. Il connaissait le chemin jusqu’à son bureau par cœur et était habitué depuis longtemps à zigzaguer entre les notes de services et les employés pressés. Il se permit donc de penser à la dispute qu’il venait d’avoir avec Laureen. Il savait qu’elle n’acceptait pas la défaite ni le fait de devoir réduire son train de vie parce qu’il avait dû payer cher sa liberté conditionnelle. Et il n’était pas d’une patience d’ange avec elle. Il l’aurait été à une époque où il l’aimait désespérément. Aujourd’hui, bien sûr qu’il avait encore des sentiments pour sa femme, il l’aimait oui. Mais plus avec autant de passion qu’avant. D’un autre ôté, était-ce étonnant ? Il n’avait plus vingt ans, c’était fini les câlins en secret, les premières fois, ils étaient rentrés dans une routine mortelle, assassin de leur couple si ça continuait. Il soupira et se glissa dans l’ascenseur. Il allait certainement travailler tard et espérer que sa femme serait couchée quand il rentrerait. A ce stade, l’éviter devenait la meilleure solution. Il arriva rapidement à son étage et se glissa jusqu’à son bureau. Il n’avait pas grand-chose à faire en réalité mais faire acte de présence au lieu de travailler chez lui montrer qu’il était toujours dans le cou. Il s’installa dans son fauteuil, sortit deux trois affaires avant de s’apprêter à appeler sa secrétaire pour qu’elle lui fasse un rapport de ce qu’il avait pu manquer quand on frappa à sa porte. Il n’eut même pas le temps d’inviter la personne à entrer qu’une belle brune se faufila – quoique vu son entrain Julius pensa qu’elle envahissait totalement les lieux – à l’intérieur et la porte se referma sur eux. Il la regarda avec étonnement, la bouche mi-ouverte dans un « entrez » qu’il ne prononcerait jamais. Il ne l’avait jamais vu auparavant mais elle lui rappelait vaguement quelqu’un. Elle était trempée et il en déduit donc qu’il faisait mauvais temps dehors. Il referma la bouche et alla lui demander ce qu’elle voulait quand elle le devança de nouveau. « Bonjour Pap… Julius. Je m’appelle Christina, mais tout le monde m’appelle Mulan. Christina Mulan… Corcoran. Je suis la fille que tu auras dans le futur avec Elijah Clever. J’ai fait un saut dans le temps avec d’autres de mon époque et du coup je suis là, pour t’annoncer la nouvelle ! » Julius se demanda des heures plus tard comment il aurait exactement dû réagir à cette annonce fracassante. Sur le coup, sa mâchoire se décrocha parce que… Pardon ? Lui une autre fille. Qui s’appellerait Mulan ? Et qui serait la fille d’Elijah, le copain drogué de sa fille Snow ce qui impliquerait qu’il ait couché avec lui… Deux hommes ne peuvent pas avoir d’enfants ensemble pensa-t-il rationnellement. Il eut un léger rire parce que sérieusement c’était ridicule. En fait c’était la chose la plus drôle qu’on lui ait jamais dite. Et il aurait dû en rire à gorge déployée mais il se contenta d’un rire nerveux. « C’est très drôle bravo. Maintenant sors d’ici gamine, j’ai du travail. »